Un regroupement d’acteurs issus des domaines de la santé publique et des services communautaires de soutien aux familles annonce la création de l’Alliance pour la protection des nourrissons. Simultanément, il lance une campagne de sensibilisation pour dénoncer l’influence indue exercée par les compagnies qui commercialisent les produits de substitution à l’allaitement sur les décisions des parents quant à l’alimentation de leurs nourrissons.
Cette campagne, coiffée du slogan « Je nourris, tu nourris, nous nourrissons », insiste sur notre responsabilité collective de protéger le droit des parents à prendre une décision éclairée et libre de toute influence commerciale lorsqu’il s’agit de déterminer le mode d’alimentation de leur tout-petit. Elle s’inscrit dans un plaidoyer plus large visant à ce que les gouvernements du Canada et du Québec adoptent des lois pour encadrer le marketing des produits de substitution à l’allaitement, qui représente des dépenses évaluées à 56 milliards $ annuellement à l’échelle mondiale.
« De 5 % à 10 % du chiffre d’affaires des multinationales de l’industrie des préparations commerciales pour nourrissons est investi dans des stratégies pour influencer les décisions des parents : allégations santé, distribution postale d’échantillons, mise en ligne de sites soi-disant informatifs, etc. Elles se présentent comme étant soucieuses du bien-être des familles, alors qu’en réalité, elles sont motivées par la recherche du profit », affirme Karine Veilleux, porte-parole de l’Alliance pour la protection des nourrissons.
Appliquer le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel
Il y a plus de 40 ans, le Canada s’est pourtant engagé, avec 118 autres pays, à protéger les parents contre cette influence en devenant signataire du Code international de commercialisation des subtituts du lait maternel de l’Organisation mondiale de la santé (le Code). Ce code est fondé sur la prémisse que l’allaitement maternel au sein constitue le mode d’alimentation le plus sûr et le plus adéquat pour les mères et les tout-petits et qu’il incombe aux États d’en protéger la pratique en légiférant pour encadrer le marketing des produits de substitution.
Entre autres dispositions, le Code enjoint les États signataires à :
- Interdire la promotion des préparations commerciales, des tétines et des biberons auprès du grand public
- Interdire la distribution d’échantillons aux femmes enceintes et aux parents
- Interdire le recours à du personnel payé par les fabricants pour donner des conseils aux parents
- Interdire la promotion d’aliments commerciaux pour bébés, comme les solides en pot et les céréales, afin de ne pas nuire à l’allaitement exclusif
- Interdire à l’industrie des produits visés par le Code et à leurs représentants toute tentative d’influence avec les professionnels de la santé œuvrant au sein des réseaux de la santé
À ce jour, aucune loi ni aucun règlement canadien ou québécois n’impose l’application de ces dispositions, laissant l’industrie s’autoréguler. Force est de constater que l’autorégulation ne fonctionne pas, exposant les parents à des pratiques commerciales agressives et trompeuses qui font trop souvent douter les femmes de leur capacité à prendre soin de leur nouveau-né.
Recueillir l’appui de la population québécoise
La campagne « Je nourris, tu nourris, nous nourrissons » sera déployée dans les médias sociaux et sous forme de publicité numérique afin d’inciter la population québécoise à manifester son appui à l’Alliance et à son plaidoyer, et ce, dans le but de convaincre les décideurs et décideuses politiques de s’engager à donner force de loi au Code. Un site web a été mis en ligne pour démystifier les pratiques marketing contraires au Code, présenter le vrai visage de l’industrie et recueillir les appuis à l’aide d’un formulaire.
« L’Alliance pour la protection des nourrissons ne souhaite en aucun cas mettre de la pression ou culpabiliser les femmes et les familles dans leurs décisions concernant l’alimentation de leur enfant, ni restreindre l’accès aux préparations commerciales pour nourrissons et aux produits connexes. Nous croyons au contraire qu’une règlementation plus stricte du marketing contribuera à réduire la pression qu’elles ressentent », précise Karine Veilleux.